Le phénomène de résistance aux antimicrobiens au menu d'un atelier rassemblant 26 journalistes de Brazzaville et de Kinshasa au Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique.
KINSHASA/BRAZZAVILLE, 14 novembre 2017. Vingt-six journalistes de Kinshasa et Brazzaville, deux capitales les plus rapprochées du monde, ont participé mardi à Brazzaville à un atelier de sensibilisation sur la résistance aux antibiotiques qui constitue aujourd’hui une menace majeure pour la santé. Cette initiative a été lancée par le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique (AFRO) avec la participation des experts de l’OMS dans le but de mieux informer le grand public, avec l’apport des professionnels des médias, sur les risques toujours élevés liés à l’usage inapproprié des antibiotiques, à l’occasion de la semaine mondiale du bon usage des antibiotiques - du 13 au 19 novembre 2017.
Onze médias de Kinshasa : Actualité.CD, B-One TV, Environews, Numerica TV, Le Memphis Papyrus, Le Phare, Le Potentiel, Radio Okapi, RTNC, Reuters TV et Top Congo FM ont activement participé aux discussions et riches échanges avec leurs collègues de Brazzaville (15 médias), mettant en évidence les enjeux sociaux, médicaux et sanitaires de l’antibiorésistance dans nos sociétés.
L’OMS croit que l’action des médias fait partie des moyens d'action stratégiques qui peuvent être mis en œuvre pour mobiliser les pouvoirs publics, les populations et toutes les parties-prenantes en vue de créer un réflexe à la fois salutaire et permanent chez les consommateurs effrénés d'antibiotiques. ‘‘En travaillant ensemble, nous pouvons sensibiliser le public à utiliser les médicaments de façon appropriée, en éduquant et en préconisant la prévention et le confinement de ces résistances bactériennes qui ont tendance à progresser dangereusement,’’ a souligné M. Collins Boakye-Agyemang de l'unité de la communication de l'OMS/AFRO, à l'ouverture des travaux, avant d'appeler à la création d'une alliance des médias contre la résistance aux antimicrobiens en Afrique.
Le phénomène de résistance aux antimicrobiens est devenu, de nos jours, une préoccupation qui n’est plus seulement sanitaire, mais aussi une menace globale de plus en plus grandissante. Dans ce contexte précis, "l’Organisation mondiale de la Santé dans la Région africaine fait de la lutte contre la résistance aux antibiotiques une priorité sanitaire majeure et travaille avec les pays pour mettre en œuvre une stratégie régionale sur les situations d’urgence et la sécurité sanitaire,", a indiqué le Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, dans un message lu en son nom par le Dr Prosper Tumusiime, chef d'équipe du Système de prestation des services, dans le Cluster HSS au Bureau régional.
Ces résistances aux conséquences dramatiques concernent l’ensemble des médicaments anti-infectieux, que l’on regroupe sous le terme d’antimicrobiens : antibiotiques (infections bactériennes), antiviraux (infections dues à des virus), anti parasitaires (maladies parasitaires) et anti fongiques (maladies provoquées par des champignons). C'est pour cela qu'avec le concours de l’OMS, "des pays élaborent et mettent en œuvre des plans d’action nationaux pour lutter contre la résistance aux antibiotiques et améliorer la surveillance dans le but de générer des données fiables pour l’action," insiste le Dr Moeti.
Devant la vingtaine de journalistes réunis, le Dr Laetitia Gahimbare, spécialiste de la résistance antimicrobienne à AFRO a lancé: "que pouvez-vous faire, à partir de vos médias respectifs, pour lutter contre les mauvaises pratiques d'automédication ou de consommation massive et abusive d’antibiotiques en santé humaine et animale." Car, pour elle, si rien n’y est fait, si une forte sensibilisation des parties-prenantes (pouvoirs publics, populations, sociétés civiles etc.) n'est pas engagée aujourd'hui, les bactéries pharmacorésistantes tueront des millions de personnes en Afrique subsaharienne dans les années à venir.
Les journalistes des deux rives du fleuve Congo ont échangé des contacts, formulant les voeux de travailler désormais main dans la main dans l'avenir, avec une feuille de route claire pour amplifier la sensibilisation à la fois des Etats membres et des citoyens.